Lorsque Nadia, RRH, évoque le vécu de sa situation actuelle, elle me dit : «J’ai l’impression d’être au four et au moulin ».
Que voilà une belle image, qui peut donner lieu à une séance de travail.
En effet, elle utilise là une métaphore.
- « Au four et au moulin ?
- Oui, d’un côté, on me demande de m’occuper des demandes des collaborateurs qui viennent me voir ou qui ont des besoins pour leur évolution, pour leur métier.
- De l’autre, la partie administrative me prend un temps tel que je ne peux pas faire mon boulot correctement.
- Et vous, vous préfériez être où : au four ou au moulin ?
- …… Au four
- Au four ?
- Oui, c’est à dire sur la partie relationnelle du métier. Accompagner, aider les collaborateurs.
- Et il est comment votre four, comment le décririez-vous ?
- Il est tout petit, mais fait de pierres anciennes, comme un vieux four à pain. Il y a de vieilles briques, les cendres sont encore chaudes. C’est là où il y a de la vie, c’est là que je me ressource.
- Comment vous-sentez vous quand vous y êtes ?
- Je m’y sens bien. C’est un endroit chaleureux. En même temps, il me demande de l’attention car si on n’entretient pas le feu correctement, il s’éteint, ou ne donne pas de bon pain. Mais j’aime cette attention particulière que ça me demande. J’aime bien ce contact humain.
- Et aujourd’hui, il est comment ce feu ?
- Presqu’éteint.
- Qu’est-ce qui vous empêche de le raviver.
- C’est que je suis au moulin. Je n’ai pas assez de temps pour m’en occuper.
- Que se passe-t-il au moulin ?
- Des demandes, des demandes et encore des demandes. Ca va trop vite.
- Ce sont les ailes du moulin qui tournent trop vite pour vous ?
- Oui.
- Comment le voyez vous ce moulin ?
- Il est énorme, avec des pales très larges et il s’emballe.
- Que souhaiteriez vous vis-à-vis de ce moulin ?
- C’est à dire ?
- Souhaiteriez-vous vous en débarrasser complètement, le ralentir, le reconstruire… bref, que souhaiteriez vous vis à vis de ce moulin ?
- Non, je ne peux pas le supprimer. Je sais que la partie administrative est importante. Mais j’aimerais bien qu’il ralentisse.
- Qu’est-ce qui ferait qu’il ralentirait?
- Il faudrait réduire la voilure des pales, faire en sorte qu’il y ait moins de prise au vent.
- Et réduire la force du vent ?
- Non, ça, ce sont les demandes qui viennent de l’extérieur, de ma hiérarchie, des besoins de l’entreprise. Je ne peux rien faire là dessus.
- Sur quoi pouvez vous faire quelque chose concernant votre moulin ?
- Je peux réduire la voilure.
- C’est-à-dire ?
- Faire en sorte qu’il y ait moins de prise au vent.
- Comment ?
- Je me rends compte que je donne trop d’importance à ces demandes. Du coup, c’est moi qui les traite toutes. Je pourrais en déléguer une partie.
- Quelle serait la partie que vous pourriez déléguer ?
- La partie avec les OPCA. En plus, mon assistante est très douée, et elle ne demande que ça.
- Donc déléguer cette partie. Quels sont les autres moyens qui vous permettraient de réduire cette voilure ?
- Supprimer des pales. Oui, ça, ce serait bien.
- C’est-à dire ? Aujourd’hui, combien de pales a-t-il votre moulin ?
- Tel que je le vois, il en a 7 ou 8.
- Et dans l’idéal, il en aurait combien ?
- Avec 4 ou 5, ce serait mieux.
- Quelles sont les 4 pales que vous garderiez ?
- La partie paie. C’est trop important, il y a trop d’enjeux pour les collaborateurs.
- J’aurais aussi une palle management de mon équipe. Ca se rapproche bien de ce que j’aime faire avec et pour les collaborateurs de l’entreprise.
- etc….
- Quelles sont les 2 pales que vous supprimeriez en priorité pour réduire la voilure ?
- Bien, comme je le disais, la partie gestion des OPCA. Mélanie est tout à fait capable de le gérer, et ça va dans le sens du management que je mets en place avec mon équipe : faire grandir mes collaborateurs, leur donner de nouvelles responsabilités
- Très bien, et la deuxième ?
- En fait, je ne sais pas. Mais je me dis que je pourrais faire aussi des trous dans mes voiles.
- Faire des trous ?
- Oui, c’est à dire prendre moins à cœur les demandes qui me sont faites. Je crois que j’oublie un peu trop de regarder mon four, et du coup, je me focalise trop sur cette partie administrative. Je crois que si je regardais plus souvent ce qui se passe sur la partie humaine, je vivrais mieux ce qui se passe sur la partie administrative.
……
Et l’échange de se poursuivre ainsi.
Au cours de la séance, Nadia identifie 2 pistes majeures : la délégation, et sa perception de la situation : regarder plus ce qui se passe au four pour mieux vivre ce qui se passe au moulin.
Des métaphores, nous en utilisons tous.
Les saisir lors d’une séance de coaching ou dans des situations de management, et travailler dessus, est un moyen de faire émerger des solutions, en travaillant sur l’imaginaire, la visualisation.
« Je suis sous la vague », « c’est comme une bouée », « j’ai l’impression de monter dans le rouge », « c’est comme si le ciel me tombait sur le tête »… sont autant d’exemples
A défaut de les saisir, il est aussi possible de les provoquer.
« Quand vous me dites ça, ça vous fait penser à quoi ? »
« Si vous deviez le mettre en image, qu’est-ce qui vous viendrait ? »
Que vous soyez coach, accompagnateur, manager, à vous de jouer.
A vous maintenant : votre situation actuelle, elle est comme quoi ?