Dans la série « Enrichissez-vous, regardez la télé », il y a un domaine que je n’avais pas encore abordé : la téléréalité…
Bon, je vous passe les Secret Story et autres, pour lesquels je n’ai, pour ma part, pas encore trouvé d’intérêt.
Mais depuis longtemps, il y a une émission qui m’interpelle :
Koh Lanta.
Poussés dans leurs retranchements, obligés de survire ensemble et pour eux-mêmes, les aventuriers développent dans cet environnement des comportements à la fois riches d’enseignements et de questionnements.
Enseignements et questionnements à mettre en parallèle de la vie en entreprise, voire de la vie tout court.
D’un point de vue individuel
(la partie collective sera développée dans un prochain article)
Jeux de dupes et stratégies : des valeurs mises à mal
Poussés dans des conditions physiques extrêmes (peu de nourriture, épreuves fatigantes tant physiquement que psychologiquement), les candidats vont chercher leurs ressources au fond d’eux-mêmes.
Ce qui me frappe, en regardant le programme, c’est l’importance des valeurs humaines, et l’illustration concrète qu’il est parfois difficile de vivre en cohérence avec celles-ci.
Les 2 extrêmes.
Tout d’abord, il y a cette flopée de candidats qui arborent un discours fort d’esprit sportif, de valeurs humaines, de franchise ou d’authenticité au début du jeu.
Puis, la fatigue aidant, les épreuves éreintant les corps et les esprits, des choix doivent se faire au fil des conseils pour choisir le candidat à éliminer et garder sa place.
Ce choix : lui ou moi.
Invariablement, les protagonistes sont tiraillés entre 2 possibilités : être en phase avec leurs valeurs ou mettre en place les conditions pour passer à l’étape suivante.
Force est de constater que, dans la plupart des cas, l’entorse aux valeurs prend le pas, la stratégie l’emporte sur la morale.
La question que je me pose toujours : et moi… si j’étais à leur place, serais-je meilleur ou différent ? Non pas en tant que compétiteur, mais dans ma capacité à rester en congruence, et mettre en pratique, dans les actes, ce que je prône à l’oral.
A rester assertif, dans le respect de l’autre et de moi.
Certains exemples me rassurent toutefois.
Je me souviens de ce candidat, Philippe, un ch’ti.
Alors qu’il a trouvé le poignard lui assurant sa place en finale, il le remet à l’une des concurrentes.
Je ne me rappelle plus du contexte qui le pousse à faire ce geste, je me souviens juste du sacrifice et de sa fierté à le faire, à rester cohérent avec lui-même.
Un choix qui lui coûte, mais qui lui permet de continuer à se regarder dans la glace et à renvoyer à son fils un message fort, illustrant l’éducation qu’il souhaite lui donner.
Cela nous renvoie à l’expérience de Milgram.
Vous savez : celle ou un interrogateur questionne un cobaye sous couvert d’une expérience scientifique. A chaque mauvaise réponse, le scientifique lui demande d’envoyer une décharge électrique.
Résultats : dans 62,5% des cas, l’évaluateur, sous couvert de l’autorité, envoie des décharges pouvant être mortelles.
Les personnes qui refusent de suivre cette autorité sont celles qui ont clairement identifié leurs valeurs morales, et qui savent s’y conformer, faire preuve de désobéissance.
Et vous, quel est votre référentiel de valeurs ? Sauriez-vous vous y tenir, quoi qu’il en coûte ?
Pour faire la parallèle avec l’entreprise, j’amène parfois les dirigeants que je rencontre à faire le point sur la cohérence entre valeurs affichées et valeurs vécues : sont-elles en cohérence ?
Les personnes que j’accompagne, quant à elles, prennent souvent conscience que leur mal être en entreprise vient du fait que ce qu’elles vivent est en contradiction avec leurs valeurs… sans savoir les nommer.
Le fait de les identifier leur permet de mieux se positionner.
C’est là la partie management de soi : mieux se connaître pour oser mieux se positionner
Le talent, question d’environnement
L’autre question que soulève cette émission : Pourquoi ce ne sont pas les meilleurs qui gagnent ?
Il s’agit là, à priori, d’un jeu de survie en territoire hostile.
Les plus débrouillards, les plus aptes à la survie, ceux capables de faire un feu ou de construire une cabane, de participer à la vie du camp, devraient donc se retrouver en bonne place sur les poteaux de la victoire.
Or, ce n’est que rarement le cas.
Ceci repose la notion de talent en entreprise.
Ici, c’est quoi le talent ?
Parce qu’il en parle beaucoup mieux que moi, je vous renvoie sur cet article d’Alex Pachulski et sur ce parallèle : Pourquoi Teheiura a-t-il été sorti de Koh Lanta ?
En synthèse, pourquoi Teheiura, grand favori, ne gagne pas :
- Talent performant ou Talent politique :
- Eh oui, dans le jeu comme en entreprise, le talent peut faire peur
- Le talent est une question de contexte
- La garantie de succès n’est jamais individuelle
- Le talent a besoin d’alliés
- L’environnement doit permettre au talent de se révéler
Ce qui est sûr, c’est que cette émission démontre que le talent nécessaire pour gagner ce jeu ne relève pas que des compétences techniques.
Les talents de stratèges prennent le pas sur ceux de la survie.
Dans le prochain épisode, je vous propose de voir les parallèles entre le ce jeu et la dimension collective des équipes.
Crédit photo : Pixabay, libre de droit
Xolali (Holali)
L’expérience de Milgram est vraiment dingue. Elle montre à quel point l’esprit humain est manipulable et influençable.
Personnellement et sans prétention, je ne penserais pas du tout faire partie des 62% qui enverraient des décharges. Mon esprit et mes valeurs sont plus fortes que tout homme ou femme qui me dit de faire une telle chose (même si il s’agit d’un proche)