Beaucoup d’entre nous s’interrogent sur les raisons qui peuvent pousser
à promouvoir une communication ou un management bienveillants dans les entreprises, dans les formations ou simplement dans les relations interpersonnelles.
La contribution des neurosciences cognitives et affectives est fondamentale à ce sujet. L’être humain a besoin de relations bienveillantes pour se développer !
Ces conclusions nous rendent d’autant plus conscients et responsables de nos comportements au quotidien, dans nos relations aux autres, surtout lorsqu’on en comprend les incidences.
A l’origine de tout cela, les émotions…
Elles jouent un rôle moteur dans notre existence, selon Antonio Damasio, professeur en neurologie et neurosciences, elles nous permettent de vivre. Générées par les évènements extérieurs, elles sont à prendre comme des informations, des signaux qui nous sont transmis par notre cerveau, de ce qui nous convient ou ne nous convient pas. Et elles impactent nos capacités et nos comportements, quelle que soit la nature positive ou négative de l’émotion.
Quand elles sont négatives…
Prenons les situations de peur, d’anxiété et de stress répétitives. Elles portent directement atteinte aux structures cérébrales, du dérèglement fonctionnel jusqu’à l’atrophie de certaines parties notamment du cortex préfrontal (la mémoire de travail, le raisonnement et la planification de tâches) ou encore orbitofrontal (la prise de décision, la régulation des réactions émotionnelles) et de l’hippocampe (mémoire et repérage dans l’espace).
Ces observations relevées chez l’adulte s’avèrent encore plus préjudiciables chez l’enfant, selon le Dr Catherine Gueguen. La maturité cérébrale n’est acquise que vers l’âge de 25 ans.
En réaction aux situations stressantes, et donc émotions négatives, notre cerveau libère, en plus ou moins grandes quantités, de l’adrénaline dans un premier temps, puis du cortisol, qui en quantité importante, devient nocif, ce qui peut être assimilé à : destructeur pour les neurones.
Au-delà de la science, ce sont les impacts souvent méconnus, qui sont à préciser.
D’une part, ce sont les fonctions cognitives qui sont détériorées, la personne va rencontrer de plus en plus de difficultés à apprendre et à mémoriser. Mais pas uniquement. Notons également qu’il lui sera difficile de prendre des initiatives et des décisions. Tout comme elle éprouvera des difficultés à réguler ses émotions, tout autant qu’à faire preuve de compréhension et d’empathie.
Autant d’impacts qui empêcheront la personne de s’adapter à ce que l’on peut attendre d’elle dans un cadre social et professionnel. Ceci d’autant plus, si elle évolue dans un contexte de pression continue, quand l’attention est plus portée sur la réalisation de l’activité de travail, que sur la personne qui la réalise. Contexte dans lequel, bien souvent, la bienveillance n’a que peu de place et peut être considérée comme une perte de temps. Situation qui peut toutefois paraître normale dans certaines entreprises !
C’est le même phénomène qui se joue dans la situation de “management toxique”. Celle que nous décrivent Chantal Vander Vorst et Patrick Collignon, dans leur ouvrage. Bien souvent tabou dans l’entreprise. Il est la conséquence de certains modes de fonctionnement et comportements, qui vont générer du stress par leur récurrence ou présence constante. Ce management “toxique” n’est pas l’apanage du management hiérarchique, car nous pouvons aussi le retrouver au sein d’une équipe, ou encore dans les relations interpersonnelles du quotidien, ceci d’autant plus dans un contexte de projets transversaux foisonnants.
Quels sont les comportements incriminés ? Dévalorisation régulière, critiques répétées, déresponsabilisation, niveaux d’exigence sur-développés, intolérance à la différence…En synthèse, tout comportement qui par son ampleur ou par sa répétition devient générateur de stress, voire d’anxiété pour l’individu…
Quand elles sont positives…
A l’inverse, il est aussi intéressant de mesurer les incidences d’un regard et d’une écoute bienveillantes, de comportements rassurants et encourageants.
Au niveau du fonctionnement cérébral, de tels comportements vont générer des ressentis émotionnels positifs, qui eux aussi ont une origine hormonale.
La libération de certaines hormones va provoquer instantanément chez l’individu, un sentiment de bien-être. C’est le cas de l’ocytocine, reconnue aujourd’hui à l’origine de sentiment de bien-être et donc de sécurité.
Notons que l’ocytocine est à la base des comportements d’empathie, elle permet le développement de la confiance en soi, puisque la personne se sent en sécurité. Elle s’autorise alors à aborder les situations potentiellement génératrices de stress. Elle favorise ainsi les comportements de collaboration.
Et ce n’est pas tout, le regard et de l’écoute bienveillante ont d’autres bénéfices comme la libération du trio : endorphines, sérotonine et dopamine, générant à leur tour motivation, créativité, plaisir, bien être et stabilité d’humeur. Bref que du bonheur, pour la personne et l’entreprise !
Alors, si nous souhaitons que l’être humain se développe et soit au mieux de ses capacités et de ce qu’il peut apporter à l’entreprise, il est fondamental de privilégier un environnement de travail dans lequel la relation à l’autre, les comportements d’écoute, de compréhension et de soutien sont des priorités.
L’apport des neurosciences est fondamental sur ce point, bien que méconnu par beaucoup d’entre nous, il donne du sens à nos actions.
Chacun de nous est acteur de cette relation, ce qui nous permet de prendre conscience de notre contribution et notre responsabilité au quotidien.
Gardons également à l’esprit que l’autre n’est pas le seul acteur de ce développement. Chacun d’entre nous, peut également influer sur ses ressentis et le développement de ses propres capacités… ce qui ouvre le champ des possibles !
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